Quand l’enfant vient au monde, son cerveau est préparé pour se mettre en connexion avec son environnement. Grâce à son expérience pluri-sensorielle, dès la naissance, il absorbe très vite à la fois les usages de la société (par exemple faire un signe pour se dire au-revoir) mais aussi des connaissances scientifiques (les bébés âgés de quelques mois manifestent une profonde surprise lorsqu’on leur montre une vidéo d’une personne qui lâche un objet et que cet objet ne tombe pas; preuve qu’ils assimilent très tôt la loi de la gravité).
Les enfants partent à la découverte du monde avec tous leurs sens et apprennent beaucoup en manipulant. Les adultes qui sont autour d’eux pendant cette période jouent un rôle très important: les enfants s’appuient sur eux pour la conquête de la connaissance du monde et accordent énormément d’importance à ce qu’on leur dit.
Bien qu’ils acquièrent très vite certaines lois de la nature, les enfants restent pendant longtemps dans une indistinction entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, tout simplement par manque d’expérience et de connaissances. Dans leur imaginaire très riche, il n’y a pas de frontière nette entre ce qui relève de l’imaginaire et ce qui est réel. De ce fait, les enfants nous croient très facilement car ils n’ont pas encore les moyens de prendre du recul.
Maria Montessori nous explique qu’elle a constaté que beaucoup d’adultes abusent de la crédulité des enfants, se plaisent à leur raconter des histoires imaginaires qu’ils font passer pour vraies, voire jouent avec la peur naturelle des enfants (peur du loup, de la sorcière…), ce qui crée de la confusion dans leur esprit, surtout avant 6 ans. Bien au contraire, elle propose que l’adulte soit une aide solide dans la démarche de l’enfant qui cherche à s’orienter dans le monde, à le connaître, à le comprendre. Elle demande donc aux éducateurs de ne jamais jouer avec la crédulité des enfants mais de leur montrer les merveilles du monde réel et de leur permettre de les expérimenter par eux-mêmes.
Ainsi, en plus de la vie pratique qui permet d’apprendre à se servir des outils du quotidien, nous proposons aux enfants d’observer le monde vivant, animal et végétal, de le connaître, de le respecter, de comprendre comment il naît, grandit, vit et meurt. Nous leur proposons également des petits expériences afin de se familiariser avec les grandes lois du monde physique et l’accès à la géographie pour découvrir la diversité du monde et des peuples.
Toutes ces connaissances les aident à sortir de l’indistinction entre réel et imaginaire et nourrissent leur imagination. Car le processus créatif de l’imagination s’appuie toujours sur des expériences réelles. Toutes les créations se font à partir d’éléments de la réalité que l’on combine de manière nouvelle. Donc plus l’expérience concrète est développée, plus la palette utilisable par l’imagination est grande. C’est ainsi que la réalité est au service de l’imagination.
Par ailleurs, Maria Montessori nous dit dans L’Enfant, que les enfants de 3 à 6 ans dont on avait nourri la soif de connaissance par la manipulation sans abuser de leur crédulité s’étaient montrés à la fois moins craintifs que les autres, moins sujets aux peurs et aux cauchemars, mais aussi plus prudents dans leur comportement face aux dangers.
Un constat qui peut nous amener à réfléchir sur notre posture vis à vis des enfants.